Observatoire de la privation de liberté et
des sanctions et mesures appliquées dans la communauté (OPALE)
Remarques
à propos du suivi statistique de l’application de la loi du 15 août 2014 sur
l’individualisation des peines
et renforçant l’efficacité des sanctions
Créée par la loi du 15 aout 2014,
la contrainte pénale est entrée en application à compter du 1er
octobre 2014. Le suivi statistique de cette sanction est assuré par le
secrétariat général du Ministère de la Justice (Sous-direction de la statique
et des études). Ainsi avons-nous pu obtenir - très rapidement - le nombre de
contraintes pénales prononcées et leur répartition selon les tribunaux de
grande instance. La sous-direction de la statistique dispose
aussi de données sur les obligations prononcées dans le cadre des contraintes,
la durées prononcée des sanctions et les infractions sanctionnées. Nous espérons
obtenir – et diffuser - ces données essentielles rapidement. Ce qui
nécessite l’accord du cabinet de la Garde de Sceaux.
La nouvelle procédure de libération
sous contrainte (art. 39 de la loi) est, elle, entrée en application à compter
du 1er janvier 2015 (examen, par le JAP, de la situation des
personnes condamnées exécutant une ou plusieurs peines privatives de liberté
d'une durée totale inférieure ou égale à cinq ans, lorsque la durée de la peine
accomplie est au moins égale au double de la durée de la peine restant à
subir). Sans oublier la procédure, concernant la libération
conditionnelle prévue à l’article 42 de la loi, concernant les
personnes condamnées exécutant une ou plusieurs peines privatives de liberté
d'une durée totale de plus de cinq ans.
D’après nos informations, le suivi statistique de ces nouvelles procédures et des libérations anticipées qui peuvent en découler a été laissé à la charge de la direction de l’administration pénitentiaire.
Ce suivi nécessite, au minimum, de connaître (chaque
mois ? chaque trimestre ?) le nombre de levées d’écrou - hors
transfèrements - de personnes ayant le statut de condamné avec les
distinctions suivantes (6 catégories absolument nécessaires) :
1. FP
non précédée d’un aménagement (semi-liberté ou placement à l’extérieur ou PSE)
– sortie sèche.
2. FP
précédée d’un aménagement (semi-liberté ou placement à l’extérieur ou PSE)
octroyé hors procédure de libération sous contrainte
3. FP
précédée d’un aménagement (semi-liberté ou placement à l’extérieur ou
PSE), l’aménagement ayant été octroyé dans le cadre de la procédure de
libération sous contrainte (art. 39 de la loi du 15/8/2014)
Libération conditionnelle
4. LC procédure
traditionnelle (hors articles 39 et 42)
5. LC
dans le cadre de la procédure de libération sous contrainte (art. 39)
6. LC
dans le cadre de l’article 42.
Indicateurs
On pourra alors calculer la proportion de sorties
sèches [1/ (1 +2 +3 +4 +5 +6)], la proportion de libérations
conditionnelles parmi les levées d’écrou de condamnés [(4 +5
+6) / (1 +2 +3 +4 +5 +6)], la proportion de levées d’écrou de
condamnés à la suite de l’examen aux 2/3. [(3+ 5 +6) / (1 +2 +3 +4 +5
+6)] et suivre l’évolution de ces indicateurs. Ces données de
cadrage sont absolument nécessaires pour mener toute étude ou toute
recherche approfondies quantitatives ou qualitatives, sur des corpus ayant un
minimum de représentativité.
Depuis quelques années, la statistique trimestrielle de la population
sous écrou produite par la DAP ne permet plus de connaître la
répartition des levées d’écrou selon le motif
juridique, le bureau PMJ5 affirmant, dans ses publications,
que « ce n’est techniquement pas possible à l’aide des états
statistiques automatiques issus de l'application de gestion de la détention
(GIDE) ».
Ainsi
nous ne disposons plus de ce que nous avions, chaque trimestre, depuis la fin
des années 1960, grâce à une procédure manuelle (*).
Malgré nos demandes, nous
ignorons ce que la DAP a prévu pour résoudre ce problème majeur que nous
avons fréquemment souligné en maintes circonstances sans mobiliser l’intérêt de
qui que ce soit.
Doit-on ajouter que
l’Observatoire de la récidive et de la désistance créé par décret du 1er
août 2014 qui devrait se préoccuper de tout cela n’a toujours pas été mis
en place (voir P.J.)
Pierre V. Tournier
(*) Distribution des levées d’écrou – hors transfèrements -
selon la nomenclature suivante : « non-lieu »,
« mise en liberté », « condamnation avec sursis »,
« peine couverte par la détention provisoire »,
« acquittement-relaxe », « fin de peine »,
« libération conditionnelle », « décès », etc.