A quelques
jours du 2ème anniversaire de la Loi du 15 août 2014 relative à l'individualisation des peines et
renforçant l'efficacité des sanctions pénales, le Premier Ministre, Manuel
Valls, et le Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, visiteront, le lundi
8 août, la maison d’arrêt de Nîmes (Gard).
Avec 395 détenus pour 192
places opérationnelles, au 1er juillet 2016, soit une densité
de 206 détenus pour 100 places, cette maison d’arrêt est l’un des établissements les plus surpeuplés
de France. Aucune place n’est inoccupée dans les maisons d’arrêt ou quartiers
« maison d‘arrêt » relevant de la direction interrégionale de
Toulouse. En revanche, on compte 198 places inoccupées dans les établissements
pour peine (centres de détention, centres de semi-liberté, établissement
pour mineurs…)
POUR MÉMOIRE, 2
ANS APRÈS…
* Mesure phare de
la loi du 15 août 2014, la contrainte pénale est entrée en vigueur à
compter du 1er octobre 2014. Rappelons que cette sanction peut
être prononcée par le tribunal correctionnel à l’encontre des auteurs –majeurs
- d’un délit susceptible d’être sanctionné d’une peine de 5 ans
d’emprisonnement ou moins. Sanction « appliquée dans la communauté »
(en milieu ouvert), d’une durée comprise entre six mois et cinq ans, la
contrainte pénale comporte des obligations et des interdictions que la personne
condamnée sera tenue de respecter : obligation de réparer le préjudice
causé, interdiction de rencontrer la victime,
obligation de formation ou de travail, obligation de respecter une injonction
de soins, etc.
Au cours du 1er
semestre 2016, 716 contraintes pénales ont été prononcées par
les juridictions. Sur la même période, on peut estimer à 138 900 le
nombre de peines d’emprisonnement prononcées en matière
correctionnelle : 47 500 peines fermes, 11 300 peines avec
un sursis partiel et mise à l’épreuve, 2 100 peines avec un sursis partiel
simple, 22 300 peines avec sursis total et mise à l’épreuve, 4 400
peines avec sursis total et mise à l’épreuve comprenant un TIG et
51 300 peines avec sursis total simple (valeurs indicatives à partir des
données de 2014).
Mais il est
à noter que le nombre de contraintes pénales prononcées au cours du 1er
trimestre 2016 est en augmentation de + 8,6 % par rapport au 1er
trimestre 2015. Ce nombre est en augmentation de + 44 % au cours du 2ème
trimestre 2016 par rapport au 2ème trimestre 2015.
Encore timide, compte tenu de la faiblesse des chiffres absolus,
cette évolution va dans le sens souhaité par le Garde des Sceaux, dans sa
circulaire de politique pénale du 2 juin 2016 : « Au regard du suivi
contraignant qu'elle instaure, la contrainte pénale me semble pouvoir être utilement
requise à la place de courtes peines d'emprisonnement. Aussi, je vous demande
d’en faciliter le prononcé en veillant à recueillir en amont des audiences
correctionnelles l’ensemble des éléments permettant de mieux appréhender la
personnalité des personnes poursuivies et en vérifiant l’existence d’un suivi
judiciaire présent ou passé auprès du service de l’application des peines. Vous
veillerez à réserver le sursis avec mise à l’épreuve aux personnes nécessitant
un suivi plus formel et davantage axé sur le contrôle du respect des
obligations et interdictions ».
* La loi
du 15 août 2014 a aussi créé la libération sous contrainte (LSC) entrée
en vigueur à compter du 1er janvier 2015. Lorsque la durée de
la peine accomplie est au moins égale au double de la durée de la peine restant
à subir, la situation de la personne condamnée exécutant une ou plusieurs
peines privatives de liberté d'une durée totale inférieure ou égale à cinq ans
est examinée par le JAP. A l'issue de cet examen en CAP, le JAP décide, par
ordonnance motivée, soit de prononcer une mesure de libération sous contrainte,
soit, s'il estime qu'une telle mesure n'est pas possible ou si la personne
condamnée n'a pas fait préalablement connaître son accord, de ne pas la
prononcer. La libération sous contrainte entraîne l'exécution du reliquat de
peine sous le régime de la semi-liberté, du placement à l'extérieur, du
placement sous surveillance électronique ou de la libération conditionnelle.
Comme je l’ai
rappelé, dans ma note au garde des Sceaux du 25 juillet 2016, nous ne disposons
plus depuis le 1er janvier 2015, des données de flux de levées
d’écrou des condamnés fournies jusqu’à présent par la statistique
trimestrielle. Aussi est-il impossible de connaître l’influence de la création
de la LSC sur les modalités des levées d’écrou des condamnés. Les seules
données dont nous disposons sur le sujet portent sur le nombre de
personnes bénéficiant, à une date donnée (statistique de stock) d’une
libération sous contrainte avec maintien sous écrou. Aussi tous les
régimes de la LSC ne sont-ils pas couverts, les données concernant la
libération conditionnelle ne pouvant pas être prises en compte par cette
statistique mensuelle de la population sous
écrou.
Ces
données, même partielles ne sont pas la marque d’un grand enthousiasme de la
part des juges à recourir à cette procédure de sortie de détention, sans
levée d’écrou : baisse de 20 % du nombre de condamnés bénéficiant d’une
libération sous contrainte (LSC) maintenus sous écrou entre le 1er
juillet 2016 et le 1er juillet 2015 (voir tableau infra).
(a)
Condamnés sous écrou au 1er jour du mois
(b)
condamnés bénéficiant d’une libération sous contrainte (LSC) maintenus sous
écrou
(c)
= (b) / (a) en %
2015
|
1/1
|
1/2
|
1/3
|
¼
|
1/5
|
1/6
|
1/7
|
1/8
|
1/9
|
1/10
|
1/11
|
1/12
|
(a)
|
60
742
|
60
141
|
60
665
|
61
356
|
61
128
|
60
586
|
60
890
|
60
014
|
58
610
|
58
497
|
58
077
|
58
644
|
(b)
|
0
|
61
|
256
|
426
|
489
|
513
|
551
|
538
|
508
|
544
|
526
|
593
|
(c)
|
0,0 %
|
0,1 %
|
0,4 %
|
0,7 %
|
0,8 %
|
0,8 %
|
0,9 %
|
0,9 %
|
0,9 %
|
0,9 %
|
0,9 %
|
1,0 %
|
2016
|
1/1
|
1/2
|
1/3
|
¼
|
1/5
|
1/6
|
1/7
|
1/8
|
1/9
|
1/10
|
1/11
|
1/12
|
(a)
|
58
443
|
58
813
|
59
408
|
60
116
|
60
220
|
60
355
|
60 870
|
…
|
…
|
…
|
…
|
…
|
(b)
|
506
|
496
|
510
|
461
|
419
|
484
|
442
|
|||||
(c)
|
0,9 %
|
0,8 %
|
0,9 %
|
0,8 %
|
0,7 %
|
0,8 %
|
0,7 %
|
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